Lettre à l’attention des « enseignants enactifs » qui s’ignorent (ou pas !)

Mettre en commun des expériences de terrain qui concrétisent un ‘enseignement enactif’

De nombreux enseignants d’EPS incarnent par leur pratique et par leurs innovations quotidiennes « ordinaires » ce que nous avons appelé un ‘enseignement enactif’ dans notre ouvrage (« Actions, significations et apprentissages en EPS »). Certains le font sciemment, et d’autres, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, sont peut-être des ‘enseignants enactifs’ qui s’ignorent. C’est à tous ces enseignants que ce blog veut offrir à la fois une tribune, un espace de dialogue et de partage d’expériences.

Qu’est-ce que (pour nous) un ‘enseignant enactif’ ?

Dans notre ouvrage (troisième partie), nous considérons qu’un ‘enseignant enactif’ est tout à la fois :

  • un « connecteur d’expériences » dans le sens où il s’attache à transformer les actions efficaces ici et maintenant (en EPS) des élèves en des dispositions à agir ailleurs et plus tard. Connecter des expériences c’est aider les élèves à reconnaître des « airs de famille » entre des expériences et situations variées. C’est aussi stimuler les connexions d’expérience entre des expériences vécues en EPS et en dehors de l’EPS (entre l’EPS et l’AS ; entre l’EPS et la sortie en pleine nature de l’école ; entre l’EPS et ce que vivent certains élèves en club) et celles qui seront vécues plus tard en dehors de l’école ;
  • un « traceur de trajectoires d’apprentissage » dans le sens où il permet des « mises en intrigue » de l’apprentissage des élèves en lien avec les visées éducatives de l’enseignement. C’est projeter, dans le temps, différents scénarios plausibles, et accompagner pas-à-pas la construction des histoires individuelles et collectives d’apprentissage. C’est également prévenir, décourager, voire sanctionner, les activités qui « sortent du cadre »  et qui sont d’emblée proscrites tout en laissant la porte ouverte à l’expression de possibles ;
  • un « catalyseur d’interactions » dans le sens où il met en place des formes particulières d’organisation sociale de la classe, facilitant les échanges entre les élèves et l’émergence de formes d’entraide, de tutelle, et de coopération ;
  • un « enquêteur » dans le sens où il adopte parfois la posture, l’attitude d’un partenaire compréhensif des élèves, soucieux d’accéder par empathie ou par certaines formes de questionnement aux significations construites par les élèves ;
  • un « designer » dans le sens où il tente de « domestiquer les affordances » de l’environnement matériel et social de la leçon pour privilégier celles qui offrent le plus d’opportunités d’apprentissage pour les élèves. Pour en faire un relais efficace de ses intentions, l’enseignant enactif cherche à faire en sorte que les objets, et les élèves, constituent de réelles aides aux apprentissages en choisissant les objets ou les rôles sociaux les plus pertinents ; en agençant l’espace physique et matériel de la leçon pour qu’il soit un « partenaire » pour l’enseignant et les élèves (quitte à détourner les objets de leurs fonctions) ; ou encore, en organisant l’espace social comme un système d’aides mutuelles.

De nombreux enseignants peuvent se reconnaître dans ce portrait, qui est susceptible de résonner avec leurs pratiques et avec leur expérience quotidienne de la vie des classes en EPS.

Une invitation à la mutualisation des inventions ordinaires

Nous lançons donc, dans la rubrique « Partage d’expériences » de ce blog, une invitation aux enseignants d’EPS qui sont les principaux auteurs de ces innovations : ce sont eux qui conçoivent et testent des dispositifs d’apprentissage originaux, qui inventent quotidiennement de nouvelles formes d’intervention, qui mettent en œuvre des projets pédagogiques ambitieux et permettant aux élèves de donner du sens aux situations et apprentissages qu’ils vivent en EPS. Nous attendons beaucoup de tels partages d’expériences. Tout d’abord parce qu’ils contribuent à mutualiser et transmettre de précieuses ressources pédagogiques au sein d’une communauté professionnelle. Mais aussi parce qu’ils pourraient favoriser le développement de collaborations entre enseignants d’EPS, chercheurs et formateurs, dans la perspective d’une « fécondation réciproque » des intérêts scientifiques, professionnels et de formation.

2 réactions sur “Lettre à l’attention des « enseignants enactifs » qui s’ignorent (ou pas !)

  1. Vous avez raison de citer le Bourgeois gentilhomme. Tout votre article est un tissu d’âneries. Il aurait fallu citer les Précieuses ridicules pour être encore plus près de la réalité imbécile que vous défendez. NVBelkacem doit aimer cette prose. Vous avez de l’avenir dans l’Educ nat…

    • Bonjour Marie, manifestement vous avez quelques comptes à régler avec je ne sais quelle conception que vous nous prêtez. Soit. Chacun est bien libre d’être critique vis-à-vis des travaux et points de vue présentés sur ce blog, et d’exprimer des opinions divergentes. Cela n’est pas si fréquent et nous intéresse beaucoup. Cependant votre commentaire est très frustrant de ce point de vue car précisément il ne contient aucun argument, ni ne permet d’identifier la position depuis laquelle vous vous exprimez, ni les conceptions de l’enseignement que vous défendez. Du coup, difficile de discuter. Donc si vous souhaitez aller au-delà des invectives, n’hésitez pas !
      Jacques Saury, pour les auteurs du blog.

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